Des 4 émotions de base, la colère est celle qui a la moins bonne réputation, surtout chez les chrétiens qui tendent à la mettre dans la catégorie « péché ».

Pourtant, si Dieu est lent à la colère, il n’en éprouve pas moins cette émotion. D’aucun vont alors parler de « sainte colère ». Je ne sais pas exactement ce qu’on entend par là, mais comme toutes les émotions, la colère peut être dysfonctionnelle ou fonctionnelle. Dans ce dernier cas, elle a son utilité et n’est donc pas un péché.

Utilité de la colère

La fonction première de la colère est de contrer l’injustice et de rechercher, puis rétablir la justice.

Elle sert aussi à se différencier, à s’affirmer. Elle nous aide à dire non à ce qui ne correspond pas à nos valeurs, nos priorités, nos goût, bref, à notre personnalité.

Il ne s’agit donc pas de produire encore plus d’injustice en étant violent dans nos paroles ou nos gestes.

La colère est plutôt l’énergie qui permet de dénoncer toutes formes d’injustice, de confronter, de dire son désaccord, de se positionner fermement ou de mettre de bonnes limites.

Colère non exprimée

Nombreuses sont les personnes qui ne se donnent pas la permission d’utiliser leur colère ou qui ne le font pas de la bonne manière. Or, ne pas exprimer la colère au bon moment, devant les personnes concernées, tout en les respectant, peut nous conduire à manquer la cible, comme par exemple :

  • Se sur-adapter ou ne pas dire la vérité pour éviter le conflit
  • Dire des insultes
  • Déverser sa colère après coup sur des personnes (souvent ses proches) qui n’y peuvent rien
  • Couper la relation ou fuir la personne qui s’est montrée injuste avec nous
  • Cultiver l’offense, ruminer une revanche et donc refuser de pardonner
  • Somatiser etc…

Recouvrir la colère

Comme c’est le cas pour d’autres émotions, la colère est parfois recouverte par une autre émotion, souvent la tristesse. C’est ainsi que certaines personnes se mettent à pleurer, alors qu’elles devraient exprimer leur désaccord ou leur sentiment d’injustice.

Quand il n’y a plus rien à faire dans une situation, alors la tristesse se justifie. Mais s’il y a possibilité de changer les choses, c’est la colère, en tant qu’énergie qui nous pousse à agir qui est de mise.

C’est la raison pour laquelle j’aime dire que la colère peut être proche de la compassion.

Le fameux Henri Dunant témoin des terribles dégâts humains sur le champ de bataille de Solférino aurait pu se contenter de verser beaucoup de larmes à propos de cette situation révoltante. Au lieu de cela, son indignation, sa colère l’a motivé à créer la Croix Rouge.

Dans ses interventions pour détruire le mal, Jésus était toujours motivé par la compassion.

« Alors, promenant ses regards sur eux avec indignation, et en même temps affligé de l’endurcissement de leur cœur, il dit à l’homme : Étends ta main. Il l’étendit, et sa main fut guérie. » Marc 3, 5

La colère qui recouvre

La colère peut aussi être une émotion de recouvrement, de la peur en particulier. Les personnes qui ne peuvent pas exprimer leur crainte ont souvent recours à la colère. Peur de ne pas être compris, d’être évincé, de manquer, peur que l’un de ses proches puisse avoir un problème si on ne le contrôle pas par sa colère, pour ne prendre que quelques exemples. Inutile de dire que cette colère-là est dysfonctionnelle et donc injuste.

« Que toute amertume, toute animosité, toute colère, toute clameur, toute calomnie, et toute espèce de méchanceté, disparaissent du milieu de vous. » Ephésiens 4:31

Conclusion : Honneur et colère

Je peux donc exprimer ma colère tout en honorant l’autre. Elle m’aide à donner un avis différent dans la confiance que l’autre peut l’entendre, à dire comment je me positionne et ce que j’ai l’intention de faire, à demander à l’autre de cesser une action ou un discours injuste, à dire la vérité à propos de mes besoins, de ce qui me convient ou ne me convient pas, à ne pas me laisser envahir. Elle m’aide à rester en lien plutôt que de fuir, à exprimer mon désaccord tout en continuant à respecter l’autre en lui faisant grâce.

« C’est pourquoi, renoncez au mensonge, et que chacun de vous parle selon la vérité à son prochain… Mettez-vous en colère et ne péchez pas : que le soleil ne se couche pas sur votre irritation » Ephésiens 4:25 et 26 (Darby).

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