Cette pandémie met en évidence une question extrêmement difficile : le rapport entre l’individu et la collectivité. Qu’est-ce qui est le plus important des deux ? Que valoriser ?

Cette question a été réfléchie aussi bien politiquement que théologiquement.

Politiquement

Nous ne prétendons pas faire ici un cours d’histoire de la politique. Nous n’en avons pas la compétence. Nous souhaitons simplement tracer quelques grandes lignes de réflexion.

Il semble qu’il soit important pour les différents courants politiques d’opposer responsabilité et liberté individuelle et collectivité. Pour les uns la libre économie est le terrain de jeu qui finit par organiser la collectivité avec ses inégalités, mais aussi ses opportunités. Pour les autres le contrôle collectif doit dicter aux individus leur façon de vivre, une liberté mesurée et une forme d’égalité imposée.

De nombreuses gymnastiques idéologiques ont été tentées pour concilier le meilleur des deux, mais sans grand succès. Ces deux courants continuent à s’affronter.

Théologiquement

De la même façon, il existe théologiquement des visions de l’Église qui mettent l’accent sur la collectivité au travers de rituels qui unissent, qui marquent l’appartenance et qui vont même jusqu’à annoncer un salut via la collectivité : hors de l’Église, point de salut.

Mais il existe aussi des visions théologiques plus individualistes, qui mettent l’accent sur la démarche personnelle de réponse à l’offre de Dieu, l’Église n’étant plus que le rassemblement, après coup, des croyants sauvés individuellement.

Il va de soi que ces deux visions affectent toute la vie des églises, leur organisation, l’éthique, la théologie des ministères et des sacrements, etc.

Le risque serait de chercher un équilibre

Dans un esprit de conciliation ou même de crainte, les croyants ont cherché aussi des formes équilibrées de compréhension du lien entre l’Église et le croyant. Pour illustrer ceci, nous pouvons nous arrêter sur la question du salut à la fois au travers de la réponse individuelle à l’offre de Dieu en Jésus Christ et du baptême comme signe plus ou moins communautaire de cette réponse ou de cette offre. A l’extrême d’un côté, le baptême « donnant » le salut, ou de l’autre, le baptême n’étant que la manière de marquer et de fêter le salut obtenu tout seul face à Dieu.

En cherchant des équilibres, des consensus ou des compromis on permet à des courants divers de se parler, de trouver une « unité », mais en réalité, on affaiblit chacune des deux visions et de leurs centres : la place prépondérante de la responsabilité individuelle ou de l’Église.

Pandémie

Cette terrible crise sanitaire nous met devant une autre vision de ces deux points de vue :

  • Sans l’engagement et la responsabilité individuels de chacun, la collectivité est en danger
  • Sans la collectivité, son organisation et sa force, l’individu est en danger

Honneur

L’honneur, c’est à la fois la valorisation individuelle et la prise en compte de la collectivité.

On ne parle pas d’un équilibre entre individualisme et collectivisme, mais bien d’une dialectique qui tient en compte totalement à la fois l’individu et la collectivité.

L’individu travaille pour la collectivité non pas parce qu’il y est contraint par du contrôle, mais parce qu’il aime ses prochains et qu’il voit en eux le reflet, l’image de la gloire de Dieu.

En même temps, la collectivité favorise l’individu et sa singularité, son esprit d’entreprise et même sa réussite (et donc la différence qui en résulte) parce qu’elle se réjouit de la créativité de chacun et y voit un reflet de la créativité de Dieu.

Conclusion

Ce double mouvement qui fait appel à des cœurs transformés n’est possible que s’il se place dans la perspective de la prière du Notre Père : que Ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel.

De plus, ce n’est plus pour se protéger de quelque chose de menaçant, mais dans la liberté et l’espérance de construire quelque chose de neuf et de bouleversant pour l’humanité.

Comme le dit l’apôtre : sans amour (valeur hautement collective) je (moi l’individu) ne suis rien.

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