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Savez-vous qu’il existe deux formes de générosité et qu’il y a un saut qualitatif entre la générosité du Royaume et la générosité terrestre ?
Dimension classique de la générosité
Il est fréquent de comprendre que la générosité consiste à donner de ses ressources, de son temps, de l’argent, de l’attention etc. à ceux qui en manque. Et c’est certainement généreux de le faire ! Et nous devons prendre soin de ceux qui sont en manque en partageant nos ressources !
A ce stade, il est important de bien préciser que, quand nous disons « ressources », nous ne parlons pas du tout que d’argent, même si c’est peut-être la première pensée qui nous vient en termes de générosité. Quand nous disons « ressources », nous parlons aussi bien d’éléments matériels que d’autres éléments comme le temps, le savoir, l’expérience, les compétences, l’attention, l’affection, etc.
Générosité de Dieu
La générosité de Dieu va bien au-delà de cette dimension classique. Il suffit de regarder la création pour réaliser à quel point Dieu a donné bien au-delà du strict nécessaire.
Une telle variété de formes, de couleurs, d’espèces, des paysages à couper le souffle, bref une débauche de créativité qui déborde nos seuls besoins.
La promesse à Abraham d’une bénédiction qui déborde sur toutes les nations dépasse largement son besoin de statut de chef de clan.
Quand Dieu répond à Salomon à propos de son désir de Sagesse, sa générosité, non seulement comble son désir (ce qui est déjà au-delà de son besoin), mais encore déverse sur lui et son peuple la richesse d’un âge d’or.
La promesse de l’Esprit Saint n’est pas juste celle de donner ce qui manque aux disciples pour accomplir leur tâche. Elle est la promesse d’être conduit dans toute la vérité, la promesse de révélations qui nous permettent d’appréhender les prémices de notre héritage céleste.
La promesse de Jésus d’être avec nous tous les jours est la promesse d’une présence débordante sur chaque moment de notre vie et non pas juste quand « nous en avons besoin ».
Le don de la vie de Jésus n’est pas une simple réparation de ce qui est cassé, mais l’offre d’un statut d’enfant adopté qui dépasse largement la question de notre salut et qui nous ouvre la porte pour entrer dans l’héritage céleste qui déjà est le nôtre.
Dieu donne, au travers de la création, bien sûr, mais aussi au travers de sa bénédiction, de Sa volonté d’être en lien avec nous, bien au-delà de nos besoins. Il donne selon nos coeurs (Ps 20,4) et les désirs de nos cœurs (Ps 37,4).
Nouvelle dimension de la générosité.
La compréhension de la générosité de Dieu nous ouvre à une autre dimension de la générosité qui va au-delà sa dimension classique. Nous sommes appelés à prier « sur la terre comme au Ciel » et à refléter le mieux possible les valeurs du Ciel sur la terre, y compris la générosité « version céleste ».
Ainsi la générosité aurait un autre volet qui consisterait à donner de nos ressources même à ceux qui n’en ont pas besoin.
Comme s’il y avait deux niveaux de générosité : celle que nous comprenons bien, qui nous paraît sage et qui consiste à combler les manques et les vides et celle qui nous paraît déraisonnable, exubérante (ou folie) et qui consiste à investir en amont des besoins.
Ces deux dimensions sont nécessaires
Il ne s’agit pas d’opposer ces deux niveaux, mais de les voir chacun dans leurs spécificités.
En comblant des manques, nous contribuons à la survie. Notre don est à la mesure du manque. On remet à niveau ou du moins on y contribue dans la mesure du possible. La générosité a ainsi une limite. On sait quand on a été généreux.
En offrant sans qu’il y ait de besoin, on franchit un cap dans la notion de la générosité, cap qui nous met dans notre zone d’inconfort. Par exemple, trouvons-nous « intelligent » de donner FRS 100.- à quelqu’un qui n’en a pas besoin ? Ce genre de générosité agresse nos schémas, schémas que l’on trouve déjà exprimés dans l’évangile : cet argent, on aurait pu le donner aux pauvres !
Nous ne parlons pas ici de combler un besoin non exprimé (ce qui pourrait être une forme de co-dépendance ou alors qui rejoindrait le premier niveau de générosité), mais bien de donner là où il n’y a pas réellement de besoin, juste gratuitement, sans aucune raison.
Sans raison c’est-à-dire avec déraison ce qui nous amène à cette affirmation qui dit que la sagesse de ce monde est folie aux yeux de Dieu et que c’est la folie de Dieu qui est la vraie sagesse.
Entre « boucher des trous chez l’autre » et « donner sans raison », il y a deux positionnements de base différents. L’un nous positionne dans l’aide envers notre prochain et l’autre dans l’investissement pour notre prochain. A notre sens, les deux sont nécessaires.
Conclusion
La générosité est une valeur du Royaume de Dieu que nous sommes appelés à pratiquer, sans aucun doute. Nous sommes appelés à aider ceux qui sont dans le besoin en comblant des manques. Mais il nous semble que nous sommes aussi appelés à pratiquer et démontrer une générosité qui dépasse la sagesse de ce monde et qui reflète celle de Dieu. Peut-être est-ce cela la dimension généreuse de l’Honneur ?
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