Voici l’exemple pratique promis il y a 15 jours :

Jean arrive très souvent en retard aux rencontres que je préside. Je ne dis rien, mais cela fini par m’agacer au point de penser que Jean n’est pas fiable et que je ne peux pas lui confier des responsabilités sans risquer d’être déçu.

J’ai bien essayé de lui dire d’arriver à l’heure, car cela ne se fait pas d’être en retard et que cela perturbe tout le groupe, mais sans succès.

Généralisation

Finalement, je ne vois plus que cet aspect de la personnalité de Jean et je me demande même s’il ne le fait pas exprès pour m’embêter pour des questions de jalousie.

En effet, il lui est arrivé de me contredire lors de discussions en vue de décision dans le cadre de nos rencontres, avec des arguments que je trouve futiles. Finalement je décide de parler à Jean en lui disant quelque-chose comme « Ton attitudes n’est pas constructive et il n’est pas possible de te faire confiance ».

Dans cet exemple, on peut voir comment les arrivées tardives de Jean, pour lesquelles je n’ai rien dit, mais qui ont fait leur travail de sape dans mes pensées, ont petit à petit modifié ma façon de le voir, au point de confondre un désaccord sur une question qui n’a rien à voir avec une attitude délibérée contre moi. Ma perception de Jean est totalement arbitraire et certainement faussée.

Comprendre et changer mon regard

En fait, Jean est quelqu’un qui n’a pas les mêmes valeurs de ponctualité que moi, mais qui par ailleurs est très sérieux et intelligent, qui prend à cœur les débats que nous avons dans le groupe et qui n’hésite pas à faire entendre son point de vue, même s’il est en désaccord avec le mien. En réalité, il fait son travail de membre du groupe avec conscience.

Si je regarde le positif chez Jean, je vais optimiser mon regard sur lui et nous permettre ainsi de fonctionner correctement ensemble dans notre tâche commune.

Mais je ne vais pas résoudre le problème des arrivées tardives de Jean.

Ma part de responsabilité

Ai-je une part d’erreur dans notre conflit ? Certainement dans le fait de ne pas avoir su parler à Jean de façon efficace, en l’honorant, et que j’ai laissé une blessure conduire mon regard sur lui. Mais si je le reconnais, j’améliore notre relation, du moins en partie, mais je n’ai pas pour autant résolu la question des arrivées tardives de Jean.

La façon dont je lui ai parlé jusque-là était fondées sur une question de principe, je voulais simplement imposer mes valeurs à Jean (on n’arrive pas en retard), ce qui n’a pas fonctionné. C’est cela qu’il me faut changer.

Quel est mon problème ?

En quoi les arrivées tardives de Jean sont-elles concrètement un problème pour moi qui préside ce groupe ? Le fait est qu’il me faut recommencer à dire les éléments dont nous sommes en train de parler pour le mettre au courant, ce qui nous fait perdre du temps.

Un entretien

Dès lors il me serait possible d’avoir avec Jean en entretien où je pourrai dire quelque-chose comme :

« J’apprécie ton implication dans le groupe. En même temps, j’ai un problème. Quand tu arrives à nos rencontres, alors que nous avons déjà commencé le travail, je suis obligé d’interrompre ce que nous sommes en train de faire pour te mettre au courant du point où nous en sommes pour que tu puisses pleinement participer. Ainsi je perds du temps sur notre ordre du jour. Qu’en penses-tu ? »

A ce stade, il est important de laisser un espace suffisant de réponse à Jean et de l’écouter. On ne peut pas prévoir ce qu’il va dire, mais l’idée est de d’activer sa responsabilité et sa capacité à collaborer pour trouver une solution.

Conclusion

  • Cesser de voir l’autre au travers de ma blessure
  • Ne pas généraliser un comportement
  • Trouver ma part de responsabilité dans le différent pour corriger ce qui est en mon pouvoir
  • Comprendre quel est mon problème dans cette situation et le prendre comme point de départ
  • Conduire un entretien qui soit une possibilité réelle de collaboration pour trouver une solution.

Voilà ce qu’un cœur honorant cherche à faire.

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