Voici un article un peu provoquant dont le but n’est pas de choquer, mais d’amener à réfléchir « hors du cadre » habituel.

Il est un résumé succinct d’un article paru dans un ouvrage collectif, suite à un congrès du RESAM sur le thème : Chute, repentance, relèvement : réhabiliter celui qui dérape dans le ministère. Vous pouvez trouver ce livre ici avec d’excellente contribution sur ce thème et notre article complet ici. Par ministère, nous entendons ici toutes responsabilités exercées dans l’église.

Discipline d’église

Certaines fautes semblent incompatibles avec l’exercice de responsabilités au sein de l’église, ce qui entraîne toutes sortes de réflexions sur les suites à donner lorsqu’un membre engagé s’égare dans des comportements inadéquats. Faut-il lui retirer ses responsabilités ? Lesquelles ? Jusqu’à quand ? etc.

Où est la limite de la faute qui demande une sanction ?

Posons premièrement la question bien connue de la paille et de la poutre, cette poutre qui dans mon œil pèse lourd, alors que je veux m’occuper de la paille de mon prochain.

Et la question qui en découle consiste à se demander à partir de quand sommes-nous en faute ? Si chaque fois que je fais un excès de vitesse, je suis « en faute », alors je devrais avoir quitté le ministère depuis longtemps. Où est la limite de ce qui est encore compatible avec les responsabilités ?

Et en corolaire, comment honorer le frère fautif, et pas seulement l’honorer quand il va bien et que son ministère est florissant ?

Nous avons besoin de contrôler

Comment faire pour oublier l’idée même de contrôler la situation ? Situation souvent très complexe qui implique toutes sortes de personnes à commencer par ses proches, mais aussi l’église, les victimes s’il y en a, les collègues, la fédération et ses organes.

Comment contrôler l’incontrôlable ?  N’aurions-nous pas avantage à risquer de lâcher le contrôle ? Pour cela, nous devrons peut-être nous décentrer quelque peu et sortir du cadre habituel.

La Loi et la Grâce

Imaginons un instant que, mal parqué, nous trouvions sur notre parebrise une amende. Nous nous rendons alors au poste de police et devant le policier qui nous répond, nous nous repentons avec des larmes sincères qui attestent de notre profonde repentance. Il y a de fortes chances que cela ne nous débarrasse pas de l’amende en question.

Quelques temps plus tard, nous voilà qui péchons ! Fort de notre expérience au poste de police, nous allons trouver Dieu et nous lui demandons combien coûte cette amende pour « réparer » la faute. Cela ne marchera pas non plus. Ces deux situations illustrent deux réalités, deux règnes, celui de la loi et celui de la grâce !

Prenons l’option que ces règnes sont différents, mais ajoutons à cet énoncé qu’ils ne peuvent se mélanger, car incompatibles, comme le sont l’huile et l’eau. La question se pose alors : lequel choisissons-nous en cas de faute d’un responsable ? Bien souvent nous essayons de tenir les deux ensemble. Nous aimons la grâce, nous prêchons la grâce, nous sommes reconnaissants pour la grâce, mais en même, temps nous n’arrivons pas à lâcher la loi.

La croix : un absolu

Si nous croyons que Jésus est mort sur la croix pour porter sur Lui la punition du péché et que donc nous sommes réconciliés avec Dieu le Père, ne sommes-nous pas devenus impunissables ? Comment alors pouvons-nous encore appliquer une sanction ou punition à quelqu’un qui faute ?

Souvent nous appliquons des sanctions parce qu’elles nous paraissent justes, ce qui signifie que nous appliquons une forme de justice. Mais si Jésus est notre justification dans le sacrifice de la croix, que reste-t-il comme péché pour lequel je doive appliquer une justice ?

La crainte ou l’amour ?

Si, pour prendre un autre exemple, quelqu’un faisant partie du groupe des présidents de culte d’une église s’avère vivre en concubinage, que faut-il faire ? Quel est le problème ?

  • Est-ce que le fait de ce concubinage diminue la qualité présidentielle de cette personne ? Le culte est-il moins bien conduit maintenant que vous savez cet état de fait. Dieu a-t-il retiré Son onction de présidence à cette personne ?
  • Y a-t-il un problème de modélisation, en particulier vis-à-vis des jeunes ?
  • Craignons-nous la réaction de quelques membres un peu religieux et qui par ailleurs sont généreux au niveau des offrandes ?

La première hypothèse est facile à écarter, car le culte n’est pas moins bien dirigé depuis que nous savons.

Les deux suivantes sont plus subtiles au niveau des craintes.

Que faire avec ces craintes ? Voulons-nous obéir et réagir aux craintes ou chercher une stratégie hors craintes ? Il n’est pas certainement pas bon d’être motivé et d’obéir à la crainte !

La peur fonctionnelle est tout à fait utile. Mais la crainte qui nous prive de la liberté d’agir est une véritable puissance spirituelle. Elle est une arme favorite du diable. Quand nous obéissons à la crainte en tant que puissance spirituelle, plutôt qu’à l’amour inspiré par Dieu, ne sommes-nous en train de faire le jeu de l’ennemi ?

Comment être libre de ces craintes, qu’elles soient celles d’une mauvaise modélisation ou de la réaction des personnes religieuses qui risquent d’exprimer publiquement leur réprobation. En d’autres termes, comment réagir de façon saine pour faire grandir chacun ?

Conclusion

Pas de conclusion à cet article. Juste l’encouragement à continuer la réflexion et à être honnête avec soi-même : quelles sont mes réactions devant la faute des autres ? Quelles sont les fautes qui me paraissent « acceptables » ou non ? Quelles craintes réveillent-elles en moi ? Nous vous suggérons de lire l’article complet, voir l’ouvrage dans son ensemble si ce thème vous intéresse.