Nous sommes frappés de voir à quel point un discours anti-autorité se développe dans cette période de recrudescence des contagions avec les risques d’hospitalisations et de décès qui les accompagnent. Le moins que l’on puisse dire c’est que nos autorités prennent des mesures qui ne sont pas très populaires.

Le but de cet article n’est bien entendu pas de dire qui a raison ou tort, comment réagir correctement face au virus ou encore de célébrer telle ou telle personne populaire qui aurait tout compris alors que les autres n’auraient rien compris.

Le but de cet article est de réfléchir à notre rapport à nos autorités.

Nous les avons choisies

Il nous semble que le premier élément à prendre en compte est le fait que, en démocratie, nous avons choisi nos autorités. Elles ont été élues au cours d’un processus par une majorité définie par les lois en vigueur.

Beaucoup ne votent pas, considérant que leur voix ne changera rien. Bien souvent nos élections se limitent à un combat « gauche-droite », plutôt idéologique, que sur le caractère réel des candidats, leurs valeurs, leurs capacités à faire face à une crise.

Peut-être serait-il bon de trouver un moyen d’introduire de tels critères, sinon dans la présentation des candidats, du moins dans notre processus de choix.

Mais en attendant, nous les avons choisies et mandatées. Nous leur avons confié des responsabilités et il nous semble qu’en ces temps particuliers il est important de ne pas l’oublier.

Elles ne font pas toujours ce que nous aurions fait

Et c’est peut-être là que le bât blesse et que nous sommes le plus défiés. Nos autorités, celles que nous avons choisies démocratiquement, prennent des décisions. En temps de crise, elles doivent en prendre beaucoup qui ont un impact direct et rapide sur nos vies quotidiennes.

Et voilà qu’elles ne décident pas toujours ce que nous aurions décidé, ce qui nous met en conflit avec elles.

Par conflit, nous entendons une différence d’intérêts ou de point de vue qui a un impact concret sur la vie. Dès lors, comment allons-nous continuer à les honorer et les soutenir, et ne pas permettre une rapide escalade dans le conflit ? (nous vous renvoyons ici à notre livre Les Conflits, une école de l’amour).

Nos autorités doivent agir dans l’intérêt général, avec des informations multiples et une vision la plus large possible. Ainsi, leur point de vue n’est pas forcément le même que le nôtre. Le risque serait de chercher à exposer notre opinion et rallier à nous des personnes qui pensent comme nous. Cela est d’autant plus tentant que les médias sociaux offrent une vitrine redoutable, sur laquelle d’ailleurs nous voyons ces jours des discours moqueurs, insultants et même haineux.

Elles peuvent se tromper

Nos autorités peuvent se tromper, bien sûr ! Mais il semble que cela leur soit interdit par la vindicte populaire. Aucun droit à l’erreur. La moindre contradiction est mise en lumière comme un interdit.

De plus, c’est comme s’il était évident qu’elles devraient avoir le don de deviner l’avenir. Combien de fois, des « spécialistes » des réseaux sociaux reprochent après coup à nos autorités des décisions qui, une fois appliquées, montrent une faiblesse ?

Combien de ces personnes cachées derrière la virtualité d’un mur facebook auraient elles-mêmes osé ou été capables de prendre des décisions dans le brouillard de la science en construction autour de ce virus ?

Résister ?

Cela signifie-t-il qu’il ne faut jamais résister à une autorité ? Certainement pas. Mais il nous faut considérer deux réalités :

La gravité éthique des décisions : beaucoup hurlent au musellement et à la perte de liberté. Si porter un masque dans les magasins ou au restaurant ou même à l’église est une perte de liberté, souvenons-nous juste de ce que vivent les populations qui vivent dans une dictature militaire, idéologique ou religieuse ! Ici, nous sommes libres de penser, de nous promener, de nous réunir (en groupes restreints certes, mais de nous réunir quand même), etc. Certes nous sommes privés de lieux tels que des boîtes de nuit ou encore de faire une réunion privée de plus de 100 personnes. Vu autrement, en réalité il nous est offert la possibilité d’exercer notre contribution au bien commun en mettant de côté quelques frustrations.

La forme de la résistance : Un discours irrespectueux et accusateur n’est finalement qu’un défouloir qui offre des portes à certains pour tenter justement de déstabiliser notre système démocratique. Insulter une autorité n’est utile finalement qu’à montrer quel est le degré d’irrespect de son auteur.

En nous, à quoi résister ?

Ce à quoi nous devons résister finalement, c’est de céder à la peur engendrée par la situation incertaine que nous traversons et nous mettre à critiquer nos autorités.

C’est aussi de ne pas devenir les juges de ceux qui sous l’effet de cette même peur lancent des propos irrespectueux sur les réseaux sociaux (et ailleurs).

Ce à quoi nous pouvons aussi résister, c’est cette impérative envie d’avoir raison, de nous placer au-dessus de nos autorités. Quand nous ne comprenons pas ou que nous ne sommes pas d’accord avec une de leurs décisions, demandons-nous d’abord qu’elles pourraient être les informations qui nous manquent ? Ou à quelle partie du bien commun n’ai-je pas pensé ? Ou en quoi ce qui est touché pour moi par cette décision est-il important face au bien commun ?

Conclusion

La crise que nous traversons est rude. Elle est justement une occasion d’exercer une attitude difficile : la solidarité et l’humilité. Soutenir nos autorités dans leur difficile travail même quand nous ne sommes pas d’accord avec elles, exprimer nos points de vue correctement et surtout de façon constructive, proposer des solutions plutôt que de dénigrer les décisions prises, arrêter de se poser en expert quand nous ne sommes que des ignorants, laisser les experts discuter entre eux pour le meilleur de leur savoir, bref exercer un rapport à l’autorité qui soit honorant pour elles comme pour nous.

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