Nous venons de vivre les fêtes de Pâques, le souvenir de la résurrection de Jésus, le moment le plus intense de toute l’histoire de l’humanité.

Jésus fait comprendre à son petit groupe d’amis et d’amies, anéantis par sa mort, qu’il est vraiment ressuscité.

Il est passé par l’abandon des siens, les moqueries et l’injustice, la souffrance la plus terrible, la séparation d’avec son Père, la descente au séjour des morts, et il revient auprès de ceux qui l’ont abandonné pour se montrer à eux. Comment va-t-il s’y prendre ?

Les femmes au tombeau (Luc 24) : une question

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »

Un reproche ? Une moquerie ? Non ! Une façon de partir d’elles pour les recentrer et leur donner de l’information : « Il n’est point ici, mais il est ressuscité », et de les amener dans leurs souvenirs, dans ce qu’elles savent déjà : « Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé. » Il les aide à trouver en elle-même le sens du tombeau qu’elles ont trouvé vide. Elles vont pouvoir bâtir « de l’intérieur » le sens de ce qu’elles ont vu. Pas besoin de les convaincre, mais simplement les encourager à faire confiance en leur foi naissante, appuyées sur leur expérience et leurs souvenirs au côté de Jésus tout au long de sa vie.

Marie et les mouvements (Jean 20)

Marie pleure près du sépulcre vide. Pleurs du deuil de Jésus et de l’incompréhension de la disparition du corps (Ils l’ont enlevé). Elle est sidérée et comme figée. Les pleurs vont lui permettre le premier mouvement : « comme elle pleurait, elle se baissa ». C’est comme si les larmes lui permettaient le mouvement de regarder plus loin et de voir les anges. Et de nouveau, une question : « pourquoi pleures-tu ? »  Ils la laissent vivre ce qu’elle a à vivre. Ils n’essaient pas de la consoler trop vite, de la forcer à voir autre chose que ce qu’elle capable de voir. Ils lui donnent un espace pour raconter et répondre à leur question. Le fait de raconter lui permet un deuxième mouvement : « Tout en disant cela, elle se retourna et vit ». Son corps a bougé, il s’est détourné du tombeau. C’est au tour de son âme maintenant de se détourner du tombeau. Cette fois, deux questions : « Pourquoi pleures-tu, qui cherches-tu ? » A nouveau elle prend la parole en suivant son idée : elle veut retrouver le corps de Jésus et en prendre soin.  « Marie » ! dit Jésus ; le texte nous dit qu’elle se retourna. Mais en réalité, elle est physiquement déjà face à Jésus. C’est le mouvement de son être intérieur qui va lui permettre de le reconnaître.

Comme dans l’épisode des femmes au tombeau, Jésus donne à Marie ce dont elle a besoin pour passer, avec tout son être, du désespoir à la joie de la résurrection, sans la brusquer, ni chercher à « coller » sur elle cette réalité incroyable, mais simplement en l’aidant à le reconnaître.

Pierre et Jean : la vision, la raison et la foi (Jean 20)

Arrivés au tombeau après une course, ils entrent et voient : « les bandes déposées, et le linge qu’on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandes déposées, mais séparé, enroulé sur lui-même. » Et il nous est dit de Jean qu’il vit et crut.

Comme s’ils étaient en face d’une scène qui mène à la foi. Et c’est le cas. Les bandes sont déposées, elles sont à terre, mais encore en la forme du corps qui est passé au travers. Quant au linge, il est séparé d’un espace, mais encore enroulé comme en boule de la forme de la tête. Ils voient et leur logique les mène immédiatement à la foi. Le corps n’a pas été déplacé ou déballé ; il est passé au travers des bandes et du linge. Le Seigneur s’est relevé glorieusement en passant au travers. Ils croient !

C’est aussi un processus intérieur qui s’appuie sur leur être et leur raisonnement. Ils font leur chemin et personne ne le leur impose.

Les disciples d’Emmaüs (Luc 24) : la critique ?

« O hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! »

Critique ? Reproches ? Moquerie ? Non, je ne pense pas. Plutôt une promesse : l’intelligence va leur être donnée et ils vont comprendre les prophètes dans les Écritures. Et même, il va les guider dans cette compréhension en leur expliquant les Écritures. Dans cette rencontre aussi, Jésus va aller chercher les ressources qui sont déjà à l’intérieur d’eux, pour que leur foi ne vienne pas de l’extérieur, mais pour qu’elle s’appuie sur leur propre expérience et leurs souvenirs. Il partage le pain avec eux : « Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ». Ce geste, ce symbole qu’ils ont déjà vécu avec lui touche leur cerveau droit, leur coeur, et ils le reconnaissent pleinement, nous précise le texte.

Et Thomas (Jean20), l’incrédule ?

Thomas a besoin de concret. Il a besoin de voir et de toucher pour croire. C’est son besoin. Jésus ne va pas lui faire la leçon, mais il lui donne ce dont il a besoin. Jésus dit à Thomas : « Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois ».

On comprend souvent le « Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » comme un reproche qui confère à Thomas une foi inférieure. Je ne le pense pas. Les autres disciples, hommes et femmes, l’ont tous vu. Jésus est juste en train d’ouvrir la suite de la Bonne Nouvelle : elle sera annoncée sans possibilité de le voir à nouveau puisqu’il va s’en aller.

Pour Thomas comme pour les autres, Jésus le prend là où il en est et lui donne la possibilité de construire sa foi à partir de sa personnalité et de son besoin.

Conclusion

Pour annoncer la plus formidable nouvelle de l’histoire de l’humanité, Jésus rejoint ses amis là où ils en sont et agit de façon à ce que la foi naissante trouve un terrain en eux, à l’intérieur de chacun. Il s’appuie sur leur être pour leur confier le témoignage de sa résurrection. Jolie façon de les honorer !

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