Confinement oblige, nous lisions très récemment des commentaires sur la gestion de cette crise de pandémie par nos autorités. Que ce soit en France ou en Suisse, des commentaires fleurissent pour dire comment « elles » auraient dû faire, critiquer et même appeler à la révolution, voire la haine envers « elles ».

Le but de cet article n’est pas de faire la morale aux « vilains » qui s’en prennent aux autorités, mais de réfléchir à un mécanisme qui peut engendrer de tels discours.

La peur

Aujourd’hui, la crainte règne sur notre monde. Que ce soit une légère inquiétude pour certains ou une peur panique pour d’autres, la crainte se décline au travers de chacun.

Or le besoin de quelqu’un qui a de la crainte, c’est d’être rassuré.

Pour cela il faut aider la personne qui a peur à changer de référentiel pour l’aider à quitter sa vision actuelle du monde et pouvoir regarder la situation dans une autre perspective.

A l’enfant qui a une peur durant la nuit, on allume une lumière pour qu’il puisse changer son référentiel et constater que si sa peur est bien réelle (et elle l’est), l’objet de sa peur est sans fondement. On lui montre la réalité. On lui offre aussi des bras pour qu’il puisse trouver un refuge et se sentir à l’abri, ce qui aide à augmenter sa capacité à percevoir le changement de perspective et calmer la peur.

Changement de perspective ?

Dans notre situation pandémique, le changement de perspective ne peut venir que de l’information que nous recevons. Or nous manquons d’informations objectives ! Pourquoi ? Nous n’en savons rien. Soit cette information n’existe pas (encore), soit elle n’est pas diffusée (nous y reviendrons plus bas). Peut-être aussi que la réalité est inquiétante ! Et c’est l’information qui justement permettait de mesurer à quel point.

Par contre, nous sommes abreuvés de toutes sortes d’« informations » plus ou moins alarmistes, qui ne font que nourrir les craintes sans donner d’éléments qui permettent d’objectiver la situation.

La peur devient insupportable pour certains

Certaines personnes ne supportent pas leur peur (voir notre article sur la peur) et doivent la remplacer par une autre émotion. C’est souvent la colère qui vient recouvrir la peur. La colère a beaucoup d’avantages. C’est une émotion qui « va vers l’extérieur », vers un coupable, en l’occurrence nos responsables, et qui évite ainsi à ceux qui l’éprouvent de devoir la traiter. Alors la colère éclate avec des reproches souvent peu justifiés et des paroles qui évoluent vers une violence … inquiétante.

Et l’honneur là-dedans ?

Les autorités suisses ont choisi de faire confiance à la population en expliquant la nécessité du confinement, mais sans l’imposer de manière théâtrale ou brutale. Certains affirment que cette décision a été prise pour sauver les intérêts des industries et des entrepreneurs, bref du Capital pour faire court.

Pour notre part, nous nous sentons honorés par cette décision. La confiance et l’appel au bon sens nous valorisent et nous font grandir.

Bien sûr qu’il y aura des gens égoïstes qui vont profiter de la liberté qui est laissée pour exploiter les autres. Et c’est scandaleux ! Mais nous refusons de rendre nos autorités responsables (colère) des choix scandaleux que font certains (peur).

Au contraire, nous voulons à notre tour et en retour les honorer, alors qu’elles sont confrontées à des choix extrêmement difficiles et qu’elles ne sont pas infaillibles.

Un cran d’honneur de plus

Revenons-en à l’information. Nous aurions apprécié pour notre part que nos autorités nous donnent la perspective de la réalité par une information plus claire, en particulier sur les perspectives de développement de l’épidémie et sur les effets espérés des mesures qui sont prises, tout cela sur une échelle du temps. Par exemple :

  • Le nombre de personnes infectées prévues si on ne fait rien (je pense que des modèles mathématiques existent pour envisager de connaître ce nombre).
  • Ce qui va se passer en nombre de personnes infectées durant les deux ou trois premières semaines des mesures (toujours le même modèle mathématique).
  • L’effet projeté (espéré) des mesures sur la courbe des infections à un ou deux mois.

Elles auraient pu aussi nous dire quelles sont leurs intentions et perspectives économiques en termes de faillites, de perte d’emploi et de chômage massif au sortir de la crise, et comment ils espèrent que leurs mesures vont atténuer ce nouveau drame (mais là, probablement que les modèles prévisionnels sont moins fiables).

Elles auraient aussi pu nous dire que nous ressortirons tous appauvris de cette pandémie et qu’il fallait nous y préparer.

Nous nous serions sentis encore plus honorés si nos autorités nous avaient communiqué ce genre d’informations en même temps que les mesures.

Mais quand nous constatons la difficulté qu’ont certaines personnes à gérer leur peur, nous nous disons que tant d’honneur n’aurait peut-être pas été supportable.

Conclusion

En situation de crise, honorer n’est pas simple. Pour nos autorités, considérer ceux dont ils ont la charge comme capables de gérer leurs émotions et prendre leurs responsabilités est un but, mais est-ce faisable jusqu’au bout ?

Quant à honorer ceux qui sont en charge de la conduite de la crise, c’est un choix qui demande justement à chacun une bonne gestion émotionnelle personnelle.

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